La fête des saints Pierre et Paul marque pour de nombreux prêtres la période ou la date anniversaire de leur ordination. Le Jubilé d'ordination du Père Francis auquel nous avons le bonheur d'être associé nous le rappelle explicitement.
Nous sommes des enfants gâtés. Malgré la diminution de leurs effectifs, nous trouvons normal que les prêtres soient là chaque fois que nous avons besoin d'eux. Nous leur en demandons toujours plus mais à l'occasion cela ne nous empêche pas de les critiquer plus ou moins sévèrement, ou tout au moins d'avoir toujours un avis autorisé à leur sujet. En revanche il ne nous vient peut-être pas à l'idée de leur manifester notre amitié et de les remercier d'avoir donné leur vie pour nous donner le Christ.
Même s'ils sont profondément heureux d'être prêtres, leur ministère est parfois rude, surtout pour les plus isolés d'entre eux, soit pour des raisons géographiques, soit par la particularité de leur ministère. Une chose est d'être seul, de cette bonne solitude propice à la prière, une autre est d'être isolé sans pouvoir goûter le réconfort de relations amicales toutes simples, le soutien d'une communauté de vie, de réflexion, de prière, d'un soutien affectif. D'ailleurs n'est-il pas une règle de vie dans les communautés religieuses d'être toujours envoyé en mission par deux !
Cela aboutit parfois à des situations tragiques. Combiens de prêtres succombent, trop seuls pour faire face à des situations humainement difficiles ? Combien de prêtres nouvellement arrivés sentent l'hostilité presque palpable de chrétiens amers d'avoir vu partir "leur curé" précédent ? Combien de prêtres, abordant plein d'enthousiasme et de foi un premier ou nouveau ministère mais dont les initiatives présentées maladroitement, se sont heurtés à un groupe de paroissiens qui, sans chercher à comprendre, ont envoyé l'artillerie lourde en réunion, des courriers…
Certes, il n'en est pas toujours ainsi et heureusement. Mais nous ne nous rendons pas forcément compte du désarroi que peut provoquer une attitude méfiante, ou simplement distante. Nous avons facilement l'égoïsme de la souffrance et de la vérité ! "Notre" prêtre est visiblement un prêtre heureux ! Il le sera encore plus si nous savons lui dire merci, l'entourer, l'aider avec enthousiasme dans ce qu'il propose et si nous l'acceptons tel qu'il est au lieu de rêver au prêtre idéal. Lui nous prend bien tel que nous sommes ! Il n'a pas choisi ses ouailles, et il ne lui est pas forcément facile d'être "tout à tous" (pour reprendre une expression bien connue) si nous ne nous efforçons, à notre tour, d'être "tous à Tout". Bien sûr, il peut arriver que nous ayons des raisons sérieuses de ne pas être d'accord mais, alors, pourquoi ne pas le lui dire avec respect et bienveillance ? Tant de malentendus se dissipent dans un dialogue confiant, tant de progrès peuvent avoir lieu dans un climat fraternel ! Même sur des questions graves, on peut être ferme sans être agressif, et mettre les choses au point sans partir en guerre.
Le merci que nous leur devons dépasse leurs qualités personnelles, leur dévouement ou la manière dont ils prêchent. Si nous les remercions, si nous rendons grâce pour eux, c'est fondamentalement parce qu'ils sont prêtres, et que le prêtre, comme disait le Saint Curé d'Ars, "est quelque chose de grand (…) qui ne se comprendra bien que dans le Ciel".
Le prêtre nous donne Jésus. Par le sacrement de l'Ordre, le prêtre – quels que soient par ailleurs ses faiblesses et son péché – a reçu le pouvoir de célébrer les sacrements "in persona Christi" ce qui est bien plus signifiant que "au nom" ou "à la place" du Christ ; le prêtre est vraiment identifié au Christ, "grand prêtre de l'Alliance éternelle".
Sans prêtre, pas d'Eucharistie. Or l'Eucharistie est au centre de notre vie chrétienne, c'est le don par excellence auquel le don du sacerdoce est fondamentalement lié. (Christine Ponsard)
Rendons grâce pour tous les prêtres que Dieu nous donne. Et sachons trouver les moyens concrets de manifester à chacun notre émerveillement et notre gratitude. En famille, en paroisse, en communauté, prenons le temps de leur dire merci d'avoir répondu "oui" à l'appel de Dieu pour servir au milieu de nous.
Jean-Jacques Verniest