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HERMANCIA 1943  Version imprimable

par SOUVENIRS, SOUVENIRS, le 22/02/2013

Miracle ! Notre cher Abbé Jean, aidé sans doute par les bons aînés, avait obtenu pour la colonie le passage de la ligne de démarcation.

Nous partons de nuit pour arriver au petit jour à Machilly, petite gare de campagne non loin de notre chère destination. Ses quais n'avaient jamais vu arriver autant de clients. Le temps de faire descendre les enfants encore endormis, leurs 170 valises et l'inspection nécessaire des wagons, les voyageurs pour Évian ont été … en retard. Des camions à gazogène nous font faire les derniers kilomètres.

Les trois-quarts d'entre nous n'avaient jamais vu Hermancia mais en avaient beaucoup entendu parler. Vous pensez si nous étions pressés d'arriver.

Le portail, la longue allée, le beau chalet style local, juste derrière le lac, encore derrière la rive suisse et, dominant le tout, le Jura français avec l'unique "Col de la Faucille". Mais nous aurons 4 semaines pour apprécier.

Ne vous l'aurais-je pas dit, Jean Silvagnoli et moi étions passés au grade supérieur : sergents nous étions (moniteurs pour les civils) !

Nous avions en charge les sections des petits. Moi, la 3ème, Jean la 4ème. J'avais le dortoir Monnot (tous les dortoirs avaient le nom d'un de nos anciens morts à la guerre).

Une longue bâtisse en bois verni (un peu !), une longue allée centrale avec des lits de chaque côté, et au-dessus de chaque lit une petite étagère pour mettre quelques affaires. Le reste restait dans la valise sous le lit.

Notre première nuit fut calme, tout le monde étant fatigué.

Au matin, surprise ! Pour la toilette : pas de lavabos. Comme nos anciens, torses nus dans la fraîcheur du matin, nous descendons au lac, l'eau jusqu'aux genoux. Pour l'hygiène nous commencions par les dents, le reste suivait (plutôt peu).

Pour des petits parisiens c'était plutôt dur mais je n'ai pas souvenance qu'un de nous ait pris froid.

Toujours le premier jour, Monsieur l'Abbé voulant sélectionner pour sa chorale, nous faisait chanter un par un. On avait intérêt à bien ouvrir la bouche car les autres étaient condamnés à refaire nos allées sous la tutelle de notre gentil jardinier Pierre Cheuton. Mais il y en qui préféraient ça.

En effet, la propriété avait été occupée précédemment par des soldats italiens et par principe les soldats ne sont pas soigneux. Mais peut-être avaient-ils peur d'une invasion de l'armée suisse ?

Tout de suite après, Monsieur Tassart, dans la grande prairie nous attendait pour la gym !

Son profil de Sioux ne nous incitait pas à plaisanter, aussi on filait droit !

Après une sieste bien méritée, comme disait le rapporteur, mais pas toujours très appréciée, comme disaient certains colons, c'était le grand jeu toujours organisé par notre chère direction. Nous sortions de la propriété pour aller au "Ravin", un terrain un peu boisé, bien pratique, qui coiffait à la fois la France et la Suisse.

Nous rentrions souvent par la Suisse, au pas et en chantant, narguant d'abord les douaniers suisses et après les douaniers français.

Marc Rolland


               
       
       
       

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